DM - texte 1 : Aristote
Publié le 22 Octobre 2021
De toutes ces considérations, il résulte que c’est à la même science que s’applique le nom de Philosophie : ce doit être en effet la science des premiers principes et des premières causes, car le bien, c’est-à-dire la fin, est l’une de ces causes. - Qu’elle ne soit pas une science poétique , c’est ce que montre l’histoire des plus anciens philosophes. Ce fut, en effet l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des étoiles, et enfin la genèse de l’univers. Apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance (et c’est pourquoi aimer les mythes est en quelque manière se montrer philosophe, car le mythe, est composé de merveilleux.) Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, il est clair qu’ils poursuivaient la science en vue de connaître, et non pour une fin utilitaire. Ce qui s’est passé en réalité en fournit la preuve : presque tous les arts qui s’appliquent aux nécessités, et ceux qui s’intéressent au bien-être étaient déjà connus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre. Il est donc évident que nous n’avons en vue dans la Philosophie aucun intérêt étranger. Mais de même que nous appelons libre celui qui est à lui-même sa fin et n’est pas la fin d’autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est sa propre fin.
ARISTOTE