Cours : LA CULTURE
Publié le 26 Mars 2013
Etymologie
● Nature vient du latin natus, né du verbe nascor, naître.
● Culture vient du verbe colere qui signifie « cultiver » ou « honorer ».
A partir du XVI° siècle, la culture cesse de désigner exclusivement le travail des champs pour évoquer, dans la perspective de l’humanisme, le développement des facultés mentales grâce à des exercices appropriés.
Cicéron est le premier a appliquer le mot « culture » aux choses de l’esprit ou à l’âme (animus) : « Un champ si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » (Tusculanes, II, 13).
Cette « culture de l’âme » est synonyme de ce que Cicéron appelle par ailleurs les « humanitas », cela même que les grecs appelaient paiedeia, terme qui désigne « le traitement à appliquer aux enfants pour qu’ils deviennent des hommes ».
La notion de culture implique un certain travail exercé sur une nature donnée, une transformation de la nature susceptible de produire des propriétés nouvelles ou, tout au moins de développer des qualités d’abord virtuelles. C’est ainsi que la terre est cultivée c’est-à-dire travaillée, labourée, ensemencée pour produire la récolte. C’est ainsi que les corps et les esprits peuvent être cultivés, c’est-à-dire soumis à des exercices, à des apprentissages divers afin de développer leurs potentialités. Dans la langue française courante, le mot culture désigne surtout ce processus de formation, de développement.
● Au XVIII° siècle le mot culture (Kultur en allemand) est employé - d’abord en Allemagne puis en France dans les écrits qui marquent le mouvement des Lumières - en concurrence avec le mot civilisation.
Le mot désigne alors un processus intérieur de formation, d’acquisition d’une discipline, de maturation intellectuelle et morale.
A. Définitions:
1. La culture, c’est ce qui s’ajoute à la nature. « LA culture » recouvre tout ce par quoi l’existence humaine apparaît comme s’élevant au-dessus de la pure animalité, et plus généralement tout ce qui élève l’homme au-dessus de la simple nature.
« La culture » qui caractérise l’humanité peut être considérée soit comme un état des facultés, soit comme un système de fonctions ou de pratiques, soit comme processus qui peut être étudié ou bien à l’échelle de l’individu ou bien à celle de l’humanité.
Généralement on oppose la nature et la culture pour distinguer ce qui est inné de ce qui est acquis. Mais cette opposition est loin d'être aussi claire qu'il n'y paraît.
Tandis que la nature d’un être se transmet par hérédité, la culture se transmet par héritage. La culture désigne les attitudes, les croyances, les mœurs, les valeurs acquises et transmises par l’éducation.
2. Lorsqu’on parle d’un « homme cultivé », la culture désigne le résultat d’un processus de réalisation de l’individu
A la différence du sens 1, on considère ici la réalisation intellectuelle et morale du sujet par l’exercice et le développement des facultés de l’esprit.
La culture désigne donc ici le processus unifié d’éducation et de formation de l’esprit humain qui nous donne accès à l’immensité des choses faites ou vécues par les hommes (à la culture au sens 1), ainsi qu’au reste du monde naturel. Cette éducation s’effectue par la fréquentation des sciences et des œuvres de l’esprit (l’art, la poésie, la littérature, la pensée conceptuelle, que ce soit la philosophie ou la science).
3. Depuis la fin du XIX° siècle il est devenu courant de désigner sous l’expression mot « une culture » la manière déterminée dont une population donnée, prise à un moment de son histoire, réalise LA culture au sens 1.
On caractérise donc « une culture » par tout un ensemble d’habitudes et de représentations mentales, constituant les unes par rapport aux autres, un système original et se communiquant de manière invariable à tous les membres d’une certaine population. La culture d’une société donnée inclura la totalité des coutumes, des lois, des croyances, des formes d’art, de langage et de pensée, d’une société.
● Il faut remarquer que même si la culture a pour sujets immédiats les individus, elle ne peut s’accomplir qu’à travers une entité sociale et politique. Dans un sens sociologique qui vient de l’allemand Kultur, on entendra par culture non plus le processus de formation, mais les institutions elles-mêmes, les valeurs, les modèles de comportement qui, dans telle société donnée, participent à la formation des individus. Le mot culture devient synonyme du terme civilisation. La culture se définit alors comme « le mode de vie d’une société », c’est-à-dire un ensemble de faits sociaux, de caractéristiques propres à un groupe.
L’ethnologue américaine Margaret Mead écrit que la culture est « l’ensemble des formes de comportement d’un groupe d’individus, unis par une tradition commune, transmise par l’éducation ». La manière de laver la vaisselle, de faire la cuisine, de coucher les bébés, la façon de désigner le chef du gouvernement, tout cela fait partie de la culture.
B. Problème : L’ethnocentrisme et la diversité des cultures
Si la culture désigne tous les modes collectifs d’existence d’une société quelconque (définition 3) , cela signifie qu’il n’y a pas de société humaine « inculte », dépourvue de culture. Il n’y pas d’un côté les « civilisés » et de l’autre « les sauvages » ou les « barbares », mais des cultures ou des civilisations différentes.
1) L’ethnocentrisme - Cependant chaque société a toujours eu tendance à confondre « sa » propre culture ou civilisation avec « LA » culture ou civilisation, allant jusqu’à rejeter hors de l’humanité les hommes qui appartiennent à d’autres cultures.
Texte :
« Derrière ces épithètes [« sauvages », « barbare »] se dissimulent un même jugement ; il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animal, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle. On préfère rejeter hors de l culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. » Claude Lévi-Strauss, Race et histoire
2) La diversité des cultures est une caractéristique spécifique à l’homme. Tandis que les animaux d’une espèce ont approximativement des mœurs identiques, le trait caractéristique de l’espèce humaine réside précisément dans les différences considérable qui existent d’une culture à une autre. Par son aptitude aux extrêmes diversités culturelles, l’homme, dans ce qu’il a de spécifiquement humain, semble se définir sur un plan qui n’est plus celui de la nature.
Tous les êtres vivants sont soumis à l’évolution qui transforme très lentement les espèces au cours de millions d’années, mais seul l’homme a une histoire car il est le seul parmi toutes les espèces vivantes à être à la fois un inventeur et un héritier de culture : L’homme crée des langues, des outils, des religions, des œuvres d’art, transmettant d’abord par la parole, puis dans les derniers millénaires, par l’écriture, ce patrimoine aux générations suivantes qui pourront exercer à leur tour leur faculté d’invention dans le cadre de ce qu’elles ont reçu.
Dans ces conditions, le système des valeurs, des règles sociales, des conduites apprises dans chaque groupe social est le résultat d’une longue succession d’inventions et d’héritages. Et il y autant de cultures qu’il y a de groupes distincts. Tandis que ce qui est universel, propre à tous les hommes, révèle leur nature et porte la marque de constantes biologiques, tout ce qui appartient à la culture porte la marque du divers et du relatif : il y a plusieurs religions, plusieurs formes d’art, plusieurs systèmes politiques. Les lois naturelles appartiennent à la modalité du nécessaire : on ne saurait s’y soustraire, elles sont universelles. Par contre, les règles sociales et culturelles sont contingentes. Elles varient selon les civilisations. Ce sont des règles édictées par le groupe et il arrive que l’individu leur désobéisse.
mots clés : nature, culture