Peut-on dire que l'amour est une illusion ?
Publié le 27 Octobre 2013
ELEMENTS POUR CONSTRUIRE LA DISSERTATION
• Dans un premier temps je travaille au brouillon. Je recherche des pistes de réflexion. J'esssaye d'avoir un point de vue le plus large possible. Je ne censure aucune idée me passant par la tête.
- Le thème : l'amour
- La question philosophique de fond qui traverse toute la dissertation : Qu'est-ce que l'amour ? Répondre à la question « Peut-on dire que l'amour est une illusion ?» nous permet de construire une définition de l'amour, de dire ce qu'il est véritablement, au-delà des préjugés.
Attention il ne s'agit pas de faire un exposé général sur l'amour. Il faut d'abord répondre à la question posée. Pour cela je dégage les présupposés du sujet (les thèses suggérées par le sujet)
Dans ma recherche d'idées je fais "parler" la question posée :
La tournure du sujet (" Peut-on dire que"....) nous invite à distinguer le plan du langage (ce que l'on dit, ce que l'on pense, ce que l'on se représente) et le plan du réel (ce que sont les choses). Peut-être y a-t-il un écart entre ce que je pense des choses et ce que sont les choses ?
Le sujet de la dissertation nous invite à nous demander s'il y a un écart entre ce que je pense "spontanément" de l'amour et ce qu'est l'amour. Voilà l'occasion de mettre en question mes préjugés. Il est toujours intéressant de partir de cette "pensée spontannée", non critique qu'est l'opinion courante.
Nous avons trois possibilités :
- 1) On ne peut pas dire que l'amour est une illusion car l'amour n'est pas une illusion. Par conséquent nous pouvons accéder à la «vérité de l'amour» (qui reste à déterminer).
- 2) On peut dire que l'amour est une illusion car il est une illusion.
Mais s'il est véritablement une illusion je ne peux pas dire qu'il est une illusion car dans ce cas l'illusion tombe (ce qui est impossible si on applique la définition de l'illusion)
Le problème ici est que si l'amour est une illusion je ne peux le concevoir comme tel . Spontanément il m'apparaît comme n'étant pas une illusion. Je ne peux le concevoir que comme n'étant pas une illusion car si je le conçois comme étant illusoire alors il n'y aurait plus d'amour possible. j'aurai donc tendance à refuser l'idée que l'amour soit une illusion.
-3) On ne peut donc pas dire que l'amour est une illusion bien qu'il soit une illusion.
( Cette thèse ouvre une question : Pourquoi spontanément nous ne pouvons pas accepter la nature illusoire de l'amour. Pourquoi avons nous besoin de nous illusionner sur l'amour?)
Maintenant il reste à trouver un ordre pour articuler ces différentes hypothèses.
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Les définitions nécessaires :
Amour : cette notion sera définie tout au long de la dissertation. Pour démarrer mon travail je vais me contenter d'une définition très générale qui sera ensuite retravaillée, rectifiée.
- 1. très généralement on appelle amour l'affection réciproque entre deux personnes incluant aussi bien la tendresse que l'attirance physique.
- 2. L'amour peut aussi désigner l'attachement à une valeur, à un idéal, à une idée (par exemple l'amour de l'humanité, l'amour de la patrie)
La question posée ne se limite donc pas nécessairement au sens 1 de l'amour. Il faut au contraire essayer d'envisager la question dans un sens le plus large possible. Attention il ne faut pas faire un catalogue des différentes formes possible de l'amour, mais essayer de déterminer ce que toutes ces formes ont en commun.
Pour répondre à cette question il est important de définir rigoureusement le sens du mot illusion. Il s'agit ici d'appliquer rigoureusement cette définition à l'amour et d'examiner ce qu'il en résulte.
Référence : Dictionnaire "Pratique de la philosophie de A à Z" (Hatier)
Illusion : étymologie : illusion vient du latin illudere qui signifie "tromper", "se jouer de".
L'illusion est donc une tromperie. (L'illusion me fait prendre une chose pour ce qu'elle n'est pas).
Dans l'illusion nous serions victime d'une puissance trompeuse impossible à vaincre, contrairement à l'erreur dont nous serions responsables et que nous pourrions corriger. Si tel est le cas l'illusion rend vaine toute recherche de la vérité, toute prétention au savoir.
• L'illusion n'est pas l'erreur (Descartes)
Dans les Méditations, Descartes montre que c'est par abus de langage que nous disons que les sens nous trompent. L'erreur est le résultat d'un jugement, c'est-à-dire d'une activité de l'esprit. Or les sens sont passifs et fournissent des informations qui, en elles-mêmes ne sont ni vraies ni fausses. Si donc nous nous trompons c'est que nous conduisons mal notre jugement.
Par exemple, un bâton plongé dans l'eau paraît effectivement brisé, mais si nous jugeons qu'il l'est nous ne sommes pas victime de l'illusion, mais responsable de notre erreur de jugement. L'illusion peut nous induire en erreur si nous n'y prenons pas garde, mais elle n'est pas elle-même une erreur. D'ailleurs l'erreur une fois rectifiée disparaît tandis que l'illusion, au contraire, persiste. L'illusion peut être expliquée mais non dissipée.Car les "illusions" des sens sont bien réelles. Elles obéissent à des lois d'organisation du champ perceptif tout aussi régulières que celles qui régissent notre perception dite normale.
• Dune façon plus générale, on peut caractériser l'illusion comme la confusion de deux plans : celui de la subjectivité d'une part et celui de l'objectivité d'autre part. Autrement dit dans l'illusion nous attribuons à l'objet ce qui en fait revient au sujet.
Par exemple Spinoza dans le livre I de l'Ethique voit dans l'anthropocentrisme (c'est-à-dire dans notre tendance à interpréter le monde à partir de notre propre constitution) le fondement de l'illusion et notamment de l'illusion du finalisme : parce que nous agissons toujours en vue d'une fin, nous ne pouvons nous empêcher de penser que le monde a lui aussi été conçu en vue d'une fin, qu'il a été crée pour nous.
• Désir et illusion
Ce qui caractérise l'illusion, et la distingue de la simple erreur c'est la part de désir qu'elle contient ou le besoin qu'elle cherche à satisfaire lorsqu'elle nous fait "prendre nos désirs pour la réalité".
Selon Nietzsche l'illusion remplit une fonction vitale : elle nous protège du désespoir ou du vide de l'existence. de la même façon Freud, dans son texte L'avenir d'une illusion, qualifie la religion d'illusion non pas parce qu'elle serait fausse, mais par la part de désir qu'elle contient : désir de retrouver l'image protectrice et rassurante d'un père tout-puissant.d'un père tout-puissant.
Dans l'illusion nous sommes victimes d'un piège que nous avons bâti, d'un désir non reconnu
La tâche de la philosophie est une tâche essentiellement critique. Il ne s'agit pas de détruire ou condamner l'illusion, La philosophie doit l'analyser et faire la part de ce ce qui dans nos jugements et nos représentations, relève de nos désirs, et de ce qui relève de la réalité, dans un souci de lucidité et de vérité.
Méthode : Attention - Il ne s'agit pas de recopier ses sources mais d'essayer de voir ce que l'on peut en tirer pour répondre à la question qui nous est posée.
Mots clés : amour, illusion