Explication de Texte : Sartre , "L'amour est un jeu".

Publié le 18 Avril 2013

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 Jim Dine

 

 

 

Vous expliquerez le texte suivant. La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise, du problème dont il est question.

 

 

Cette notion de « propriété » par quoi on explique si souvent l’amour ne saurait être première, en effet.  Pourquoi voudrai-je m’approprier autrui si ce n’est si ce n’était justement en tant qu’Autrui  me fait être ? Mais cela implique justement un certain mode d’appropriation : c’est de la liberté de l’autre en tant que telle que nous voulons nous emparer. Et non par volonté de puissance : le tyran se moque de l’amour ; il se contente de la peur. S’il recherche l’amour de ses sujets c’est par politique et s’il trouve un moyen plus économique de les asservir, il l’adopte aussitôt.  Au contraire, celui qui veut être aimé ne désire pas l’asservissement de l’être aimé. Il ne tient pas à devenir l’objet d’une passion débordante et mécanique. Il ne veut pas posséder un automatisme, si on veut l’humilier, il suffit de lui représenter la passion de l’aimé comme le résultat d’un déterminisme psychologique : l’amant se sentira dévalorisé dans son amour et dans son être. Si Tristan et Iseult sont affolés par un filtre, ils intéressent moins ; et il arrive que l’asservissement total de l’être aimé tue l’amour de l’amant. Le but est dépassé : l’amant se retrouve seul si l’aimé s’est transformé en automate. Ainsi l’amant ne désire-t-il pas posséder l’aimé comme on possède une chose ; il réclame un type spécial d’appropriation. Il veut posséder une liberté comme liberté.

Mais d’autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu’est l’engagement libre et volontaire. Qui se contenterait d’un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Qui donc accepterait de s’entendre dire : « je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même » ? Ainsi l’amant demande le serment et s’irrite du serment. Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre. Il veut à la fois que la liberté de l’Autre se détermine elle-même à devenir Amour – et cela non point au commencement de l’aventure – mais à chaque instant – et à la fois que cette liberté soit captivée par elle-même, qu’elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité. Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains. Ce n’est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l’amour, ni une liberté hors d’atteinte : mais c’est une liberté qui joue le déterminisme passionnel et se prend à son jeu.

Jean-Paul Sartre, L’être et le néant (1943)

 

 

Correction

 

• Thème : l’amour (le désir amoureux)

 

• Question posée par le texte : Que désire l’amant ?

 

• Thèse : l’amant désire une liberté, mais une liberté qui joue au déterminisme passionnel.

 

• Etapes de l’argumentation :

 

-         1° Partie : lignes 1 à 10 -  L’amour ne saurait être l’appropriation d’autrui. Car l’amant désire la liberté d’autrui. (critique et rejet  de la conception de l’amour fusionnel)

 

-         2° Partie : lignes 10 à 19 – L’exemple de Tristan et Iseult : toute forme d’asservissement de la volonté ne saurait tenir lieu d’amour. (critique  et rejet de la conception de l’amour passion)

 

-         3° Partie : lignes 20 à 27  - L’amour est un sentiment paradoxal, l’amant ne saurait se satisfaire complètement de ce désir de l’autre comme liberté. (critique et rejet de la conception de l’amour comme engagement moral)

 

-         4° Partie : lignes 27 à 36 –L’amour est un jeu :  L’amant  demande à l’autre de jouer le déterminisme passionnel et d’y croire.

 

 

 

Explication détaillé du texte. 

 

 

Partie I : L’amour n’est ni appropriation de l’autre, ni fusion avec l’autre

 

Phrase 1 : Cette notion de « propriété » par quoi on explique si souvent l’amour ne saurait être première, en effet.

 

Dans la première phrase Sartre reprend - pour la critiquer - la thèse communément admise, selon laquelle l’amour s’expliquerait  par un désir de possession ou de propriété de l’autre.

 

Cette conception largement répandue dans l’opinion, se fonde sur la définition du désir comme expérience du manque. Aimer c’est désirer ce que je ne possède pas. L’amour serait  alors la satisfaction de ce désir qui m’apporte ce qui me manque. Il se concrétiserait par la « possession » de l’autre.

 

 

[ Beaucoup d’élèves ont fait allusion au mythe des Androgynes d’Aristophane sans développer]

 

On retrouve cette conception du désir dans la conception selon laquelle l’amour serait une relation fusionnelle avec l’autre. Ce qui à moi est à l’autre, ce qui est à l’autre est à moi, parce que moi et l’autre c’est la même chose ou le même être. A travers les objets nous nous appartenons l’un l’autre.

 

Mais l’idée de posséder l’autre ne pose pas spontanément problème car l’autre est considéré ici comme une partie de soi. C’est ce que décrit le Mythe des Androgynes d’Aristophane (présenté dans le Banquet de Platon). Donc la référence à ce mythe doit être sérieusement argumentée pour être pertinente.

 

Sartre rejette cette conception de l’amour car elle n’est pas « première ». Elle n’est que la conséquence d’une autre définition plus fondamentale.

 

 Phrase 2 : Pourquoi voudrai-je m’approprier autrui si ce n’est si ce n’était justement en tant qu’Autrui,  me fait être ?

 

En effet le désir de possession d’autrui s’ancre dans un besoin plus fondamental qui est celui qui  pousse tout être à se réaliser.

 

Pourquoi désirer autrui ? Si je désire l’autre c’est parce que la relation à  l’autre m’est nécessaire pour pouvoir affirmer mon existence.

 

« Il me fait être », écrit Sartre. La relation à l’autre me porte en quelque sorte, à l’existence.

 

Problème :  Dans le Mythe des Androgynes, l’autre n’existe pas comme autre ; il n’est qu’une partie de moi-même, la partie originellement perdue lors de l’épreuve de la séparation. Cette conception n’est donc pas satisfaisante pour comprendre la relation amoureuse car la fusion avec l’autre est ici négation d’autrui, comme la possession de n’importe quel objet devient à terme la négation de cet objet  par sa consommation ou son instrumentation (cf. Hegel). Or nous dit Sartre, j’ai besoin d’Autrui, en tant qu’il est Autrui pour être moi-même. Car c’est la relation à Autrui qui me permet d’être et cette relation n’est possible que s’il existe entre autrui et moi une relation d’extériorité. Contrairement à la relation fusionnelle il est nécessaire qu’autrui ne soit pas moi, qu’il y ait une distance entre autrui et moi. Le sentiment amoureux se réalise dans cette distance.

 

Phrase 3 : Mais cela implique justement un certain mode d’appropriation : c’est de la liberté de l’autre en tant que telle que nous voulons nous emparer.

 

Ainsi dans l’amour il ne peut y avoir véritablement d’appropriation de l’autre au sens ou l’autre ne peut être absorbé en soi, ne peut être considéré comme une partie de soi.

 

Comment alors aimer/désirer Autrui sans le faire mien ? Sartre reprend ici la démonstration de Hegel.

 

 

● Hegel : désir et altérité

 

Tout désir recherche sa satisfaction. Le problème c’est que le désir  une dimension destructrice car dans la satisfaction il tend à « consommer », détruire, l’objet de son désir. Ainsi si je désire autrui comme n’importe quel objet je ne peux à terme que détruire l’objet de mon amour. Ce qui signifie  également la fin du sentiment amoureux.

 

 

Comment préserver ce désir qui m’est indispensable puisqu’il me fait être ?

 

Je ne peux désirer l’autre comme autre sans le nier dans son être que lorsque je le désire comme étant lui-même un désir ou une volonté. Par définition, le désir ou le vouloir est essentiellement non-être (désir ou vouloir de ce que l’on n'a pas ou de ce que l’on n’est pas).  Comment peut-on posséder ou nier ce qui pas définition n’est pas ? Si je ne peux pas posséder le désir de l’autre parce qu’il est un non-être alors je ne peux pas non plus le consommer ou le détruire.

 

 

C’est parce que le désir est un non-être que l’amour sera un mode particulier d’appropriation. Dans l’amour je cherche à m’approprier ce qui n’a pas d’existence. Ce que je désire ce n’est pas l’autre en tant que personne ou en tant qu’ensemble de qualités désirables, mais ce que je désire c’est l’autre en tant que désir. C’est le désir de l’autre. Même si le désir est l’expérience du manque, d’un manque qui demande à être comblé, mon désir d’appropriation de l’autre ne peut être que voué à l’échec. Je le sais. C’est pour cela que Sartre utilise l’expression « un mode particulier d’appropriation ».

 

Phrase 4 : Et non par volonté de puissance : le tyran se moque de l’amour ; il se contente de la peur.

 

Pour nous faire comprendre cette particularité du sentiment amoureux qui réside dans la différence entre aimer/désirer un être ou une chose, et aimer désirer/une liberté, Sartre prend le contre-exemple du tyran.

 

Contrairement à l’amoureux, lorsque le tyran désire la reconnaissance de l’autre, ce qu’il vise à travers le désir ou l’amour de l’autre,  ce n’est pas  l’amour. Il vise quelque chose qui n’a rien à voir avec l’amour, il désire la puissance, le pouvoir, la richesse, les honneurs, … etc. 

 

L’amour n’est donc  pas une fin en soi, il n’est qu’un moyen utile pour parvenir à ses fins. Le tyran instrumentalise l’amour.

 

Phrase 5 : S’il recherche l’amour de ses sujets c’est par politique et s’il trouve un moyen plus économique de les asservir, il l’adopte aussitôt.

 

Si le tyran utilise l’amour ou l’admiration de ses sujets, ce n’est que par calcul, que par utilité. L’amour est secondaire. Ce qui montre que ce n’est pas l’amour pour lui-même qui est recherché, c’est qu’il peut être remplacé par tout autre moyen plus efficace et moins coûteux, comme l’usage de la violence.

 

 

Phrase 6 : Au contraire, celui qui veut être aimé ne désire pas l’asservissement de l’être aimé.

 

Pour l’instant, Sartre s’est contenté de définir négativement l’amour par ce qu’il n’est pas. L’amour n’est pas possession. L’amour n’est pas asservissement. L’amour n’est pas un moyen ou un instrument pour affirmer son pouvoir sur autrui. Il arrive maintenant à une définition positive de l’amour. L’amour instrumentalisé n’est pas de l’amour. Au contraire le véritable amour est  désintéressé. Il est à lui-même sa propre fin.

 

 

• II° PARTIE : La passion amoureuse n’est pas le véritable amour.


Phrase 7 :
  Il ne tient pas à devenir l’objet d’une passion débordante et mécanique.

 

Sartre examine maintenant une autre conception de l’amour largement répandue et valorisée dans l’opinion publique, qui est celle de l’amour passion.

 

Cette conception n’est pas plus satisfaisante que la conception fusionnelle de l’amour, examinée précédemment.

 

Par définition la passion est ce que nous subissons (patior en latin subir, souffrir). L’homme passionné voit donc sa volonté asservie par sa passion. Il n’est plus lui-même. Il perd toute volonté et par-là même, sa liberté et son humanité. Il n’est plus que la passion, rien d’autre.

 

 

Phrase 8 : Il ne veut pas posséder un automatisme, si on veut l’humilier, il suffit de lui représenter la passion de l’aimé comme le résultat d’un déterminisme psychologique : l’amant se sentira dévalorisé dans son amour et dans son être.

 

L’être aimé ne peut donc se satisfaire d’une telle situation. Même s’il obtient ce qu’il désire : que le désir ou l’amour de l’autre se tourne vers lui. Car peut-on véritablement parler d’amour ? Non nous dit Sartre. Dans la passion celui aime devient comme un automate. Sa passion lui fait perdre sa qualité de sujet, il n’est plus qu’une chose. Son sentiment est mécanique.

 

Celui qui aime veut être aimé pour ce qu’il apporte, pour son désir volontaire, pour son amour. Il ne veut pas que quelque chose d’extérieur à cet amour intervienne. Cela peut-être une passion maladive, mais aussi comme dans l’exemple qui suit,  un filtre d’amour. Cela peut être l’argent, la position sociale, l’apparence…. Dans ce cas là l’amoureux se sentirait humilié c’est-à-dire qu’il perdrait sa dignité : son amour serait dévalorisé, ainsi que sa personne. Car il est instrumentalisé.  Il n’est plus reconnu comme une personne aimante mais simplement considéré une chose, un moyen ou le support nécessaire pour alimenter la passion éprouvée par autrui.

 

Phrase 9 :  Si Tristan et Iseult sont affolés par un filtre, ils intéressent moins ; et il arrive que l’asservissement total de l’être aimé tue l’amour de l’amant.

 

Sartre illustre son propos par l’exemple d’une passion qui serait « mécanique », déterminée : l’exemple de la passion de Tristan et Iseult.

 

Tristan et Iseult tombent amoureux l’un de l’autre, dans la première partie du récit, sous l’influence d’un filtre magique. Ils ne décident rien, ils subissent. Ainsi que l’indique l’étymologie du mot passion (patior : souffrir, subir). Leur amour est « mécanique » déterminé par une cause extérieure à leur volonté, le filtre d’amour. Ce n’est pas de l’amour.

 

L’histoire de Tristan et Iseult commence à nous intéresser lorsque les effets du filtre se dissipent. C’est alors l’histoire  raconte la naissance d’un amour véritable.

 

On peut aussi remarquer que l’amour passionnel est destructeur de l’objet de la passion. Si cet amour était dans un premier temps partagé il peut devenir à la longue difficile à supporter pour l’être aimé, et tuer en lui le sentiment qui le portait vers l’autre.

 

Donc rien n’est plus contre productif que la passion amoureuse.

 

 

Phrase 10 :  Le but est dépassé : l’amant se retrouve seul si l’aimé s’est transformé en automate.

 

Dans l’amour passionnel, celui qui fait l’objet d’un tel amour pourrait être satisfait car il  obtient ce qu’il désire. Mis la nature  excessive de la passion fait que le but est dépassé et même manqué. Car d’une part  la passion ne vise qu’elle-même. L’autre n’est que le moyen qu’à la passion de s’alimenter. Il n’existe pas en tant que personne, il n’est qu’un objet à consommer.

 

D’autre part, la passion est aliénante : elle prive celui qui l’éprouve de sa liberté et le rend étranger à lui-même. Il n’est qu’un automate.

 

Comment alors  l’autre pourrait-il être reconnu dans son désir ou dans son amour, si en face de lui il ne se trouve plus personne, l’autre n’étant plus qu’une chose, un « automate » ?

 

Il se retrouve donc seul avec son amour.

 

Phrase 11 : Ainsi l’amant ne désire-t-il pas posséder l’aimé comme on possède une chose ; il réclame un type spécial d’appropriation.

 

C’est parce que l’amour n’est ni fusionnel, ni passionnel qu’il réclame une relation si particulière à l’autre.

 

Phrase 12 : Il veut posséder une liberté comme liberté.

 

Dans ces deux phrases, Sartre résume la thèse développée jusqu’ici :  On ne peut aimer qu’une personne dotée d’une conscience et d’une volonté. On ne peut aimer qu’une liberté. Mais  la liberté de l’autre, même si elle est ce qui me satisfait, est impossible à posséder. L’autre parce qu’il est libre garde toujours la possibilité de partir, de désirer quelqu’un d’autre… L’amour est donc fondamentalement inquiétude.

 

 

 

• III° partie : L’amour n’est pas un engagement moral

 

Phrase 13 : Mais d’autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminente de la liberté qu’est l’engagement libre et volontaire. 

 

Peut-on résoudre ce dilemme en se disant que lorsque l’amour est partagé, réciproque, respectueux de l’autre, il prend la forme d’un engagement. Ainsi même si je ne peux à proprement parler d’appropriation de l’autre, l’engagement volontaire de l’autre me satisfait car il me donne l’illusion de posséder l’autre sans que je porte atteinte à sa liberté ?

 

Paradoxalement, l’amant sartrien  ne se satisfait pas, une nouvelle fois,   du désir obtenu.

 

 

Phrase 14 :  Qui se contenterait d’un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ?

 

En effet  l’amour est un sentiment qui ne peut se réduire à un pur serment, à un pur acte de volonté,  à une attitude morale qui imposerait la fidélité à l’engagement donné.

 

Phrase 15 :  Qui donc accepterait de s’entendre dire : « je vous aime parce que je me suis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ; je vous aime par fidélité à moi-même » ?

 

Car à nouveau l’amour manquerait son objet ; autrui. Dans ce cas là l’amour serait purement « narcissique ». Il ne viserait pas l’aimé mais viserait la considération que l’amant a pour lui -même.

 

Phrase 16 :  Ainsi l’amant demande le serment et s’irrite du serment.

 

Nous nous retrouvons donc devant une situation qui est en apparence paradoxale : l’amant exige un engagement de la part de l’aimé mais en même temps il s’en irrite car  ce n’est pas cela qu’il exige. Ce qu’il exige ce n’est pas la fidélité, c’est le désir.

 

 

 

Partie IV : L’amour est un jeu.

 

Phrase 17 :  Il veut être aimé par une liberté et réclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre.

 

Mais un désir qui ne soit pas source de perpétuelle inquiétude. Pour cela, il faut  que l’autre ne soit plus libre.

 

Phrase 18 :  Il veut à la fois que la liberté de l’Autre se détermine elle-même à devenir Amour – et cela non point au commencement de l’aventure – mais à chaque instant – et à la fois que cette liberté soit captivée par elle-même, qu’elle se retourne sur elle-même, comme dans la folie, comme dans le rêve, pour vouloir sa captivité.

 

Comment faire pour trouver une issue à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons ?

 

L’amour est inquiétude car il peut toujours m’être retiré. En effet il ne dépend pas entièrement de moi. Pour cela j’ai besoin d’être rassuré non pas une fois par un acte solennel mais à chaque instant. C’est ce qui amène beaucoup d’écrivains à dire que l’amour est une invention permanente, une construction de chaque instant, qu’il faut en prendre soin.

 

D’autre part si ce que j’aime en l’autre c’est s liberté, le seul moyen de la préserver est que l’autre choisisse volontairement sa captivité. Car, pour reprendre l’argument de JJ. Rousseau comment être contraint par ce que l’on a soi-même choisi et décidé ? Rien n’est plus déraisonnable que de choisir de renoncer à sa liberté. Ce choix ne peut être qu’irrationnel, semblable à un acte de folie.

 

Phrase 19 :  Et cette captivité doit être démission libre et enchaînée à la fois entre nos mains.

 

C’est d’autant plus déraisonnable que dans l’amour nous mettons délibérément  notre bonheur dans les mains d’autrui.

 

 

Phrase 20 :  Ce n’est pas le déterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l’amour, ni une liberté hors d’atteinte : mais c’est une liberté qui joue le déterminisme passionnel et se prend à son jeu.

 

Mais cette abnégation de soi qui caractérise l’amour véritable ne peut jamais être un renoncement total sous peine de voir l’amour disparaître. L’amour ne sera donc qu’un jeu des apparences. Celui qui aime choisit d’aimer, cet amour est donc l’expression de sa liberté. Il adopte alors toutes les attitudes et les comportements que requiert la « parade amoureuse » mais sans jamais renoncer à sa liberté. Jouer ne veut pas dire que cet amour n’est pas authentique et sincère. Au contraire au moment où il aime l’amoureux est convaincu de cet amour car « il se prend à son propre jeu ». Il va mettre alors momentanément sa liberté entre parenthèse, l’oublier. Ce qui n’empêchera pas qu’il pourra toujours la retrouver. Pour être heureux les amants ont donc besoin de s’illusionner, de délirer ensemble dirait la psychanalyse, sans cela il n’y aurait pas d’amour possible.

 

 

 

 

 

 

 mots clés : Amour, liberté

 

Rédigé par Aline Louangvannasy

Publié dans #explications de texte

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